Apply ou appli?

Nouveau séisme dans le monde de l’emploi en Belgique : PNB Paribas a annoncé la fermeture de près de la moitié de ses agences en Belgique. Le motif invoqué est la nécessité d’évoluer avec son temps où les services en ligne prennent de plus en plus le pas sur les services au guichet. Traduisez : la digitalisation implique le remplacement du physique par le digital.

 

Cela ne veut pas dire que tous les employés bancaires se retrouveront à la porte. Pour l’instant, la banque parle d’environ 2000 emplois supprimés sur 2 ans.

 

Précédemment, nous parlions du commerce en ligne où faire ses courses ne requiert plus la nécessité de se déplacer. Les banques suivent l’exemple grâce à un petit bouton qui paraît innocent mais pourtant a de grandes répercussions : l’application, ou appli pour les intimes.

 

Un bouton = un service

 

Le principe de l’appli est simple : plus besoin de téléphoner à la banque ou de se rendre au guichet, une simple pression sur votre smartphone et hop ! vous réalisez l’opération désirée. Et si vous voulez parler avec quelqu’un ? Pareil, bouton appli et monsieur/madame pour répond … pour l’instant.

Comme toute innovation, il faut dégager le positif et le négatif.

 

Le gros point positif est la facilité, aussi bien pour le client que pour la banque. C’est la justification invoquée par les employeurs qui constatent une explosion du nombre d’opérations réalisées en ligne, que ce soit par ordinateur ou par smartphone. Ainsi, plus besoin de faire la file pour une simple opération banale, vous pouvez le faire chez vous. De plus, utilisé sagement, l’agent peut travailler à domicile grâce au contact en ligne.

 

La digitalisation s’accompagne enfin d’une réduction de coûts pour l’infrastructure et pour l’emploi car la banque peut faire plus avec moins. Par contre, chers clients, n’espérez pas une réduction des frais, celle-ci s’opère à sens unique et jamais en votre faveur.

 

Les points négatifs concernent le volet social. En plus des suppressions d’emploi, le contact humain direct se perd. Il s’agit du revers de la médaille digitale : les gens sont de plus en plus connectés à tel point qu’ils oublient qu’il existe une vie réelle comme leurs parents et grands-parents ont connu bien avant l’invention de l’ordinateur. La crainte de ne voir plus que des machines se rapproche avec l’installation de guichets automatiques et de programmes répondant automatiquement aux questions. Ce qui était autrefois perçu comme un accompagnement, une aide, devient désormais le seul moyen d’effectuer ses opérations bancaires. Avec la fracture numérique, le piratage et le vol à la ruse (ou fishing pour les experts), certains clients préfèrent encore le service à l’agence.

 

Un monde digital pour demain ?

 

La digitalisation peut donner des idées. Tout comme la machine et le robot, tout est bon pour remplacer l’Homme et ainsi économiser un salaire. Imaginez :

 

-          Votre prof est absent ? Malade ? Incapable ? N’allez plus à l’école ! Téléchargez l’appli Teachme ! Programme complet, homologué, certificat de réussite. Dites adieu à la pénurie des profs ! Dites adieu aux profs tout court !

 

-          Mon Père, j’ai péché. Que dois-je ? Téléchargez l’appli Sin et confessez-vous sur votre smartphone (attention, l’application n’est pas tenue responsable en cas d’écoutes illicites des services secrets étrangers) ;

 

-          Vous avez mal ? Quelque chose ne va pas ? Alors, allez sur MéDoc et recevez un diagnostic dans les plus brefs délais ! Et pour tout abonnement au programme premium pour recevoir des astuces de guérisons économiques, vous recevrez un mois gratuit de coaching diététique !

 

Certes, cela reste de la fiction car les applications restent des compléments pour aider les clients/patients à réaliser un premier diagnostic, recevoir des conseils ou une aider supplémentaire si la situation n’est pas claire mais la crainte du remplacement de l’Homme par la machine fait son chemin dans les secteurs pouvant se passer de l’activité humaine.

 

Tout ceci reste cependant du ressort du patron qui peut décider de maintenir son personnel sur base de leurs compétences, du désir de maintenir une cohésion sociale ou encore s’il estime que le travail à effectuer ne peut être réalisé par une machine ou une simple application.

 

Pour rassurer la population, les experts en économie parle de translation de l’emploi en considérant que toutes les pertes liées aux secteurs industriel et administratif seront compensées par l’embauche dans l’informatique. Une fois encore, l’économie ne tient pas compte du facteur social car la conversion n’est pas une action rapide si les études requises nécessitent plusieurs années. En réalité, la « translation » signifie que certains perdront leur emploi pour que d’autres les reprennent dans un autre domaine d’activité.

 

 

Doit-on craindre alors le remplacement de la main d’œuvre par les applications et l’ordinateur ? Non. La machine n’y est pas parvenue, le robot non plus. Il faudra toujours quelqu’un pour surveiller, contrôler et réparer. La seule différence est, au nom de la rentabilité et de l’évolution de la société, la main d’œuvre jugée remplaçable sera remplacée mais celle qui reste essentielle se maintiendra jusqu’à ce qu’elle soit à leur tour remplacée.