Le sport collectif : une leçon de solidarité.

Nous aimons pratiquer une activité physique pour entretenir son corps. Nous aimons regarder des joueurs amateurs ou professionnels donner le meilleur d'eux-mêmes pour la victoire de leur équipe. Nous aimons observer l'union entre les sportifs et leurs supporters, prêts à s'unir sous une bannière. Le sport rassemble. Mais c'est aussi un domaine qui attire non seulement l'argent mais surtout la politique.

 

Aux Etats-Unis d'Amérique, un nouveau scandale concernant Donald Trump a éclaté. Le vendredi 22 septembre, pour soutenir un candidat républicain en Alabama, le Président fit une déclaration sur la défense des valeurs patriotiques, et plus particulièrement du drapeau et de l'hymne nationale. Il rappela le geste posé en été 2016 par le joueur de foot Colin Kaepernick qui se mit à genou pour protester contre les violences policières faites aux Afro-américains. Face à ce que Trump considère comme un affront, il appelle deux jours plus tard aux licenciements des joueurs ne respectant pas l'hymne nationale. Ce qui devait être une menace se transforma en mouvements de contestation où plusieurs joueurs de la NFL (National Football League) mirent un genou à terre et se tinrent la main durant le passage de la Star Spangled-Banner (la Bannière étoilée).

 

La protestation, un sport populaire

 

Le sport collectif n'est pas que du divertissement, c'est aussi la vitrine des valeurs humaines défendues par les fédérations sportives : l'esprit d'équipe, la solidarité, le respect mutuel, le fairplay. Tout ce qui caractérise le vivre-ensemble. Cela n'est malheureusement pas le cas partout car des discriminations subsistent. Quoi de mieux que la présence des caméras pour montrer son opposition aux injustices? Qui se souvient des poings levés, vêtus d'un gant noir, des sprinters Tommie Smith et John Carlos lors des Jeux olympiques de Mexico de 1968 pour dénoncer la ségrégation raciale de leur pays, les Etats-Unis, au moment où l'hymne nationale retentissait? Ce geste symbolique démontre que derrière le spectacle se cache la réalité : celle de milliers de personnes victimes des préjugés raciaux et culturels leur empêchant de s'épanouir comme tout être humain le mérite.

 

Cependant, il n'y a pas que les sportifs qui protestent. Des milliers de gens sont prêts à descendre dans la rue pour dénoncer les problèmes de la société. Si vous voulez entretenir votre corps en marchant des kilomètres à plusieurs, pancarte à la main, participer à une manifestation. Vous aurez peut-être même l'occasion de piquer un sprint lorsque les policiers se mettront à charger.

 

Un geste simple pour rester humain

 

A ceux qui pensent que le sport professionnel ne se limite qu'à l'argent devraient regarder les petites divisions peu médiatisées car pas assez lucratives. Contrairement aux divisions professionnelles marchandant leurs joueurs comme de simples colis, les autres se constituent principalement de passionnés ne faisant pas du foot une carrière à part entière. Lors des coupes où toutes les divisions se mélangent, les petites équipes ne font pas souvent le poids face aux plus grandes. Doivent-elles s'attendre à l'humiliation? Que du contraire. Leur but n'est pas la victoire mais la reconnaissance d'avoir affronté un adversaire plus redoutable.

 

Ce qui doit être un devoir civique ne l'est malheureusement pas pour tous. L'esprit de compétitivité peut prendre le dessus dont les arbitres sont les premières victimes. Bien que leur devoir impose une neutralité exemplaire, certains joueurs contestent la décision et perdent leur sang froid pour faire couler celui qui leur a donné un carton. Le plus interpellant est lorsque les parents s'en mêlent en s'attaquant à l'arbitre si celui-ci a sanctionné leur enfant. Quel exemple pour la jeunesse! Quelque soit le niveau de la compétition, professionnel ou amateur, le sport doit rester une activité physique et sociale, surtout lorsqu'il n'y a aucun enjeu important derrière.

 

Le sport n'est pas seulement une activité physique, c'est aussi un domaine au service de la société. Certes, courir derrière une balle ne redressera pas l'économie ni nous protègera du terrorisme mais il peut servir à renforcer l'intégration sociale des personnes dites exclues de la société. Ce n'est pas une idée neuve, elle fut traitée à travers de multiples articles universitaires non seulement pour les personnes souffrant d'un handicap mais aussi celles issues de l'immigration. A l'heure où la répression séduit de plus en plus d'électeurs se tournant vers les partis nationalistes et d'extrême droite (dont l'Allemagne est le dernier exemple en date suite aux élections législatives), des acteurs sociaux prônent l'usage d'activités ludiques pour renforcer la cohésion sociale entre des personnes de différents pays (comme par exemple à Malmedy : Malmedy : le sport comme facteur d'intégration sociale.). Ces projets ont un message fort : au lieu de se replier sur soi-même pour s'enfermer dans des communautés, vivons ensemble et mettons en avant les similarités.

 

L'esprit sportif, ça se respecte

 

Pour mieux comprendre le message de cet article, il faut écarter le sport élitiste où l'individualisme est prôné, au détriment de l'action collective, à travers la glorification des performances individuelles puis à la valeur financière apportée à celles-ci via le montant des transferts pouvant monter jusqu'à des millions.

Ici, nous nous penchons plutôt sur sa pratique par des passionnés ne jouant que pour le plaisir, aussi bien au niveau amateur qu'au niveau professionnel. Contrairement à certaines croyances populaires, l'argent n'est pas le seul moteur, certains joueurs sont parvenus à allier la passion et le travail.

 

Les sportifs ne sont pas que des personnes ne vivant que pour le spectacle et la compétition, ce sont aussi des êtres humains défendant des convictions égalitaires, d'unité et de justice. Pour afficher leur opposition à une injustice, ils feraient comme n'importe quel citoyen choqué agirait : ils manifesteraient leur mécontentement par les moyens pacifiques mis à leur disposition. Outre la rue, ils ont l'avantage de la médiatisation où la portée d'un message sera plus élevée. La mise à genou est le dernier exemple en date qui traduit un message fort : à genoux non pas pour se soumettre mais pour rejeter la soumission par l'injustice.

 

A ceux qui prêchent la haine et le rejet, prônons le vivre-ensemble comme une équipe soudée. Ceux qui disent que la réussite est individuelle oublient que celle-ci s'acquière grâce au soutien de plusieurs personnes qui les ont assistés et défendus durant leur parcours.

 

Pour conclure, il est important de distinguer les valeurs inculquées au cours de notre existence. Le sport n'échappe pas à la règle, il représente ce que l'Homme a de bon (le respect, le fairplay, le plaisir de jouer, etc.) et de mauvais (la compétition à outrance, l'élitisme, l'exclusion, etc.). La citoyenneté est une matière parfois négligée durant l'éducation d'un enfant et pourtant, elle forge la personnalité du futur adulte. C'est ce qui fait la distinction entre celui qui prône le respect et celui qui préfère le rejet. Si vous n'êtes pas d'accord, vous êtes libre de le dire sans tomber dans l'insulte et la violence.

 

Que diriez-vous à présent d'une partie de football, histoire d'aérer l'esprit?

 

Articles consultés

 

Football américain : insultés, de nombreux joueurs défient Donald Trump, L'Obs : Paris, 24 septembre 2017, http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/ubu-trump/20170924.OBS5085/football-americain-insultes-de-nombreux-joueurs-defient-donald-trump.html

GIOT Martial, Malmedy : le sport comme facteur d'intégration sociale, RTBF : Bruxelles, 11 avril 2016, https://www.rtbf.be/info/regions/liege/detail_malmedy-le-sport-comme-facteur-d-integration-sociale?id=9265804

POTTIER Jean-Marie, Trump en croisade contre ces "fils de p***"d'athlètes qui ne respectent pas l'hymne national, Slate : France, 23 septembre 2017, http://www.slate.fr/story/151676/trump-fils-de-pute-hymne-football-americain

 

Sport et Citoyenneté, Les valeurs du sport, si elles existent, sont entre les mains de nos enfants!, Le Monde : Paris, 28 mars 2011, http://www.lemonde.fr/sport/article/2011/03/28/les-valeurs-du-sport-si-elles-existent-sont-entre-les-mains-de-nos-enfants_1499837_3242.html