Brève analyse du discours de Trump.

L’événement majeur du 20 janvier 2017 reste la prestation de serment du président des Etats-Unis d'Amérique Donald Trump. Tout comme leurs opérations militaires fêtées à coup de feux d'artifice tirés depuis des avions ou des drones, l'entrée en fonction du nouveau chef d'Etat répond à des normes protocolaires strictes, chaque détail compte pour que tout se déroule comme prévu.

 

Le Coin du Cerveau a suivi en direct le discours de Donald Trump et ce qui a suivi avant et après.

 

Dieu est là, parmi les invités

 

Avant de débuter l'analyse, penchons-nous sur la connotation religieuse de l’événement. Dans un Etat séculaire, seul le monde politique est convié. Le chef d'Etat ou de gouvernement prête serment en compagnie de hautes personnalités politiques et/ou juridiques. Dans certains pays, les hautes personnalités religieuses sont aussi conviées pour lui accorder la bénédiction divine (et rappeler à tout le monde leur importance dans la société).

 

Aux Etats-Unis, la religion est importante. Rappelons que les premières colonies furent fondées par des Britanniques partis à bord du Mayflower pour échapper aux persécutions religieuses. Dès l'indépendance, la Destinée manifeste s'est manifestée au sein de la classe politique en considérant leur pays comme le meilleur au monde chargé d'apporter la bonne parole aux autres. Mouais, je ne sais pas si c'est encore d'actualité, avec les fusillades, les sans-abris, les obèses et les lobbyistes mais ça, c'est pour un autre article. Il ne s'agit que d'une idée géopolitique mettant en avant les valeurs étasuniennes dont Dieu est le garant du succès des Etats-Unis.

Cette présence divine se manifesta par une prière d'un révérend, d'une pasteur et d'un rabbin. Pour eux, Dieu apporte un soutien primordial au Président afin qu'il puisse accomplir son devoir. Et puis amen, passons à la suite.

 

La suite présidentielle

 

Ensuite vient un homme politique issu du parti démocrate qui décida de lire la lettre d'un soldat mort pour vanter le patriotisme étasunien, le sacrifice de chacun pour défendre les valeurs du pays comme durant la révolution. Le genre de parole qu'un président emploiera pour justifier une guerre de grande ampleur.

 

Puis vient la prestation de serment du Vice-président Mike Pence, considéré comme très conservateur en raison de sa position anti-avortement et homophobe, devant un juge de la Cour suprême.

 

Enfin vient celle du Président Donald Trump devant le président de la Cour suprême, marquant symboliquement le début du mandat du 45ème Président des Etats-Unis.

 

Analyse du discours présidentielle

 

Voici le moment le plus attendu de la cérémonie : le baratin du Président.

 

Cela commence par des paroles réunificatrices, plus modérées. Ainsi, il remercia Barack Obama pour ses deux mandats et son soutien dans la transition. Cela change des critiques au "plus mauvais président de tous les temps" selon lui. Il remercia aussi Georges W. Bush qui porterait mieux ce titre que son successeur. Il insiste sur le symbole de l’événement en rappelant que le pouvoir n'est pas donné mais prêté pendant 4 ans à Washington DC. Dingue de rappeler le principe démocratique de la temporalité pour quelqu'un qui se plaignait des élections truquées contre lui.

 

Mais le doux Trump changea vite son ton en lançant des piques contre l'establishment accusé d'avoir laissé le peuple sur le carreau en leur demandant de réaliser d'énormes sacrifices pour finalement en sortir perdant. Il fait bien entendu allusion à la crise économique de 2008 avec les milliards dépensés pour sauver les banques au détriment des investissements publics. Mais pour lui, les oubliés du pays ont pris le pouvoir le 20 janvier 2017, les citoyens verront leur vie s'améliorer. La priorité sera l'emploi ayant souffert de la fermeture des usines, de l'éducation manquant de moyen qui favorise ainsi la prise de drogues par les jeunes, et la sécurité. Il souhaite le retour du rêve américain. Et pour y parvenir, Trump tacle un second groupe : les nations étrangères.

 

Cibles de prédilection, Trump considère que les Etats-Unis ont trop dépensé et trop délocalisé à l'étranger. Les Etats-Unis deviennent la priorité, il faut limiter le vol par les pays étrangers en ramenant les emplois sur le territoire étasunien et en promouvant la main d'œuvre locale. L'économie n'est pas la seule matière critiquée. Il n'a pas oublié la politique étrangère. Il mentionne l'amitié avec les nations via le renforcement des alliances et la formation de nouvelles (avec la Russie? A voir). Il souhaite aussi unifier le monde civilisé contre le terrorisme islamique (Daech, t'es dans son viseur).

 

Mais Trump ne change pas sa ligne de conduite : il est en faveur de la solidarité à condition que chacun y met du sien. Les Etats-Unis d'abord, les alliés ensuite mais ceux-ci doivent contribuer aux obligations et ne plus recevoir automatiquement de l'aide de la part du grand protecteur outre-Atlantique. Même s'il préconise la défense nationale via le renforcement des frontière, il ne doit pas faire abstraction des enjeux géopolitiques dont les Etats-Unis investissent en masse pour préserver leur présence militaire. Trump ne peut pas tout changer mais seulement influencer la tournure des opérations, par exemple en favorisant les relations avec la Russie pour tenter de régler le conflit en Ukraine. Et si cela fonctionne bien, il pourra toujours essayer la Syrie.

 

Pour tacler davantage l'establishment, il considère qu'il faut agir plutôt que de se plaindre. Il faut libérer la Terre des maladies avec les technologies de l'avenir. Mais quelles technologies? La médecine d'accord. Les drones par contre, ça ne passe pas, même si Trump prône une politique moins interventionniste.

 

Alors qu'il fut qualifié de raciste durant la campagne électorale, il prône le rassemblement du peuple en mentionnant la diversité où il existe différentes couleurs de peau mais chacun possède le même sang patriotique, les mêmes libertés et effectue le même salue du drapeau étoilé. Cela est important car un président est le chef de tous les citoyens, il doit tous les rassembler sous un même drapeau et les lier via les valeurs nationales. Mais parviendra-t-il à éclipser les discours anti-latinos et anti-musulmans prononcés durant la campagne? N'oublions pas que tous n'ont pas la mémoire courte.

 

Il conclut son discours par sa promesse de rendre la grandeur aux Etats-Unis. Dieu ferme la marche en bénissant les Etats-Unis.

 

En résumé, le discours fut sobre et modéré par rapport aux meetings de campagne. Il ne fut pas question du mur avec le Mexique, de l'engagement plus réduit de l'OTAN ou encore des critiques contre Clinton et Obama. Seulement des allusions indirectes pour ne citer personne. Il n'est plus en campagne, la nécessité de convaincre ne se base plus sur des promesses mais sur des engagements. Il doit affirmer qu'il est devenu le Président et se doit d'être rassembleur. Seulement, il a donné une image négative de lui-même en raison des discours à l'encontre de plusieurs groupes communautaires. Mais surtout, parviendra-t-il à tenir ses promesses malgré son manque de connaissances des domaines juridique et politique? Sera-t-il rallié les Républicains ne lui étant pas fidèles? Si ce ne sera pas le cas, sa marge de manœuvre s'en retrouvera réduite et deviendra un Président faible dès le début de son mandat.

 

Et puis cela se termine par l'hymne nationale où tout le monde met la main sur le cœur, le départ de Joe Biden en voiture et d'Obama en hélicoptère. Puis vint un défilé où pro et anti-Trump réalisaient un concours de celui qui gueulera le plus fort. Si Trump y participait, il aurait triomphé à coup sûr.

 

 

La cérémonie se déroula comme prévue. En sera-t-il autant pour le programme du Président?  

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