Alerte rouge : cache d'infos compromettantes compromise!

Le monde est peuplé de personnes et d'entreprises immorales ne vivant que pour l'enrichissement personnel au mépris de leurs clients voire d'un peuple tout entier. Ce n'est guère nouveau, il y aura toujours des profiteurs, des gagnants amassant des fortunes au détriment de ceux qu'ils sont sensés servir via les services fournis. Mais tous n'acceptent pas cette injustice, des voix s'élèvent et prennent même des risques en dévoilant des infos dont leur hiérarchie préférerait garder secrète. Cet article est dédié à ceux qui s'élèvent contre les pratiques douteuses, faisant preuve de courage sans recevoir la reconnaissance qu'ils mériteraient : les lanceurs d'alerte.

 

Sonner l'alarme : à ses risques et périls

 

Un lanceur d'alerte est un employé d'un siège public ou privé qui dénonce les pratiques douteuses et immorales de sa boîte en dévoilant des informations secrètes montrant l'étendue des opérations malhonnêtes.

 

Cela peut se dérouler dans le privé lorsque qu'une entreprise maximise ses bénéfices en exigeant de leurs employés un horaire surchargé pour satisfaire incorrectement les besoins de leurs clients ou au contraire tenter d'apporter la solution optimale sur base de montages peu moraux voire proche de l'illégalité. Il peut aussi agir dans le milieu public en dévoilant des accords secrets conclus entre le gouvernement et des multinationales pour des réductions fiscales ou pire, des accords obscurs pour favoriser des groupes ou des lobbys ne cherchant qu'à s'enrichir.

 

Pourquoi est-ce dangereux d'être un lanceur d'alerte? Parce qu'en devenir un signifie sacrifier sa vie pour défendre une cause. Il n'existe aucune mesure qui les protège. Bien au contraire. Dévoiler des infos est illégal car cela relève du vol de données, du délit d'initié ou encore de leur emploi à des fins privés. Ici, c'est normal car, quelque soit le motif, un vol reste un vol. Mais tous les lanceurs d'alerte ne sont pas des voleurs, certains ne font que dénoncer des dérives. Ce ne sera pas la justice qui les condamnera mais le monde du travail. Un lanceur d'alerte est très mal vu, il est considéré comme dangereux. Par conséquent, en plus de la mise à l'écart voire du licenciement, il a peu de chance de retrouver un nouvel emploi en raison de sa nature à dénoncer l'injustice qui règne au sein de la société. La discrimination a des centaines de visages, certains sont trop invisibles pour être dénoncés.

 

Voilà pourquoi les lanceurs d'alerte font pitié, leur sort nous le fait encore plus. Ce n'est pas la récompense qu'ils mériteraient, surtout ceux condamnés par la justice. Ici, je vais vous recadrer. La justice, comme son nom l'indique, statue sur ce qui est juste et non sur ce qui est moral. Ce sont deux concepts totalement différents n'allant pas toujours de pair. Par contre, est-ce qu'une société peut être condamnée sur base des infos recueillies? Cela dépend. D'une part oui car elles ont commis une faute ou mis en place un système détournant la loi. D'une autre part non car ces mêmes infos furent obtenues illégalement, pouvant ainsi annuler la procédure en raison d'un vice. Ce sont des questions qu'un juge se doit de trancher.

 

Les coffres ne sont pas seulement remplies d'argent

 

Les banques sont les cibles privilégiées des lanceurs d'alerte. La crise économique de 2008 a démontré le pouvoir qu'elles détenaient, les techniques mises en place pour inciter leurs clients à signer des contrats dont ils seront perdants à long terme et leur influence dans le monde politique pour éviter de subir les conséquences néfastes de la crise.

 

Il est donc normal que les banques suscitent la méfiance vis-à-vis de la population. Celle-ci s’accroît suite aux scandales de fraudes et d'évasions fiscales, les premières étant illégales et les secondes légales mais douteuses.

 

Le Swissleaks et les Panama Papers sont des exemples d'évasions fiscales. Ces deux affaires ont démontré comment des particuliers de toute origine (sociale et internationale) ont bénéficié de conseils pour établir des parades et des sociétés offshores dans le seul but d'éluder l'impôt. Entendre cela suffit à susciter la colère de la population, forcée de se serrer la ceinture tout en payant leurs impôts qui augmentent alors que certains préfèrent les éviter sans remettre en question leur moralité. Ce qui est encore plus honteux pour les citoyens est le traitement infligé aux lanceurs d'alerte et aux fraudeurs-évadés fiscaux.

Les premiers sont poursuivis pour vol de données. C'est normal, comme je le disais, un vol reste un vol. Sauf que les seconds ne le sont pas vraiment en raison de la légalité de certains placements, du système trop complexe pour comprendre totalement l'ensemble des transferts ou parce que les politiques préfèrent trouver un arrangement via une amnistie fiscale, que je qualifierai de blanchiment d'argent légal.

 

Le goudron et les plumes

 

Et justement, parlons du monde politique. Lui aussi n'est pas épargné par les lanceurs d'alerte. Le Luxleaks est un bon exemple. Pour rappel, il s'agit d'un scandale révélé par plusieurs journaux avec l'aide d'employés de cabinet démontrant comment le Luxembourg a négocié des avantages fiscaux avec des multinationales pour les convaincre d'établir des sociétés sur le territoire luxembourgeois. Imaginez la tête des directeurs des entreprises locales qui paient le plein impôt lorsqu'ils apprennent que des multinationales s'établissent et ne paient moins de 1% en impôt sur les bénéfices! Bien entendu, qui dit avantage dit détournement. Les bureaux ne sont pas toujours des lieux de travail, ils peuvent agir en tant que simple site implanté pour transférer les bénéfices à l'étranger vers le Luxembourg pour bénéficier du cadeau fiscal. Dérangeant, n'est-ce pas?

 

C'es aussi le cas pour l'actuel président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui fut premier ministre luxembourgeois lors de la conclusion de ces accords. Cette affaire a démontré qu'il était compétent pour naviguer en eaux troubles : nier les preuves avant d'avouer à demi-mots tout en précisant que ces mesures sont légales et que de tout façon, il ne lui arrivera rien en raison du soutien de la majorité du Parlement européen. Sauf que la légalité est aujourd'hui discutée en raison de la concurrence déloyale générée, aussi bien au Luxembourg que dans l'Union européenne. Une raison de plus pour une union fiscale selon certains Etats-membres.

 

Au final, Mr Juncker a juste perdu de la crédibilité tandis que les lanceurs d'alertes sont dans le collimateur de la justice. A l'heure d'écrire, ils sont jugés en appel en espérant faire valoir leur statut de lanceur d'alerte, reconnu en première instance comme circonstance atténuante.

 

Cependant, ces affaires ont démontré comment des dictatures peuvent profiter des montages fiscaux pour s'enrichir ou pire, détourner des embargos. Il n'y a pas que les particuliers et les multinationales qui en profitent, des gouvernements peuvent aussi se présenter en la qualité de client.

 

Elles ont surtout le mérite de relancer le débat sur le statut à accorder aux lanceurs d'alerte. Leur action est noble, le but étant de dénoncer une injustice où des profiteurs agissent dans l'impunité du secret professionnel tandis que des personnes honnêtes (du moins théoriquement) ont des difficultés à payer les charges pour un service laissant parfois à désirer. Mais pour effectuer leur tâche, ils sont obliger de commettre un acte illégal qui est le vol de données. Cela aboutit à se poser la question suivante : Peut-on agir illégalement pour démontrer publiquement des agissements immoraux voire illégaux pour le bien de la collectivité?  C'est le débat majeur pour définir le statut de lanceur d'alerte. Seul le monde politique peut le décider, à condition de n'avoir rien à se rapprocher.

 

 

Le cas d'Edward Snowden est plus interpellant. Pour rappel, il s'agit d'un ancien employé de la NSA, le service de renseignement des Etats-Unis se chargeant de la surveillance électronique, qui révéla l'emploi de logiciels espions aussi bien pour espionner les citoyens étasuniens que les dirigeants internationaux. Aïe, les Etats-Unis ont du souci à se faire. Comment expliquer à la chancelière allemande que son téléphone portable employé à des fins politiques soit mis sous écoute alors que l'Allemagne est un allié majeur en Europe? Certes, l'espionnage étasunien est un secret de Polichinelle mais Snowden a démontré son ampleur international, comment les Etats-Unis ne se gênaient pas pour mettre en place un système de surveillance dans les communications de ses propres alliés. Un camouflet diplomatique me direz-vous. Au final, pas tellement. Une méfiance s'est certes instaurée mais qu'importe, tant qu'il existera des problèmes communs, les affaires d'espionnage restent au second plan. De plus, l'espionnage est une activité constante entre puissances même si espionner des alliés est indélicat. Et Snowden? Il paie de prix fort. Actuellement en Russie, il n'a pas intérêt à retourner aux Etats-Unis, la prison à vie lui serait infligée pour haute-trahison. Encore un lanceur d'alerte sacrifié pour la cause mondiale.

Écrire commentaire

Commentaires: 0