Dire que l'Homme est totalement libre n'est pas véridique. Il a toujours besoin d'une référence, d'une croyance, d'une identité, de valeurs pour le guider. Quelque soit ses choix, ils seront toujours influencés par sa personnalité complexe. Ne jugez pas si facilement les décisions d'une personne sans connaitre sa véritable situation. Ce qui peut paraître déraisonnable peut s'expliquer par ce qui a influencé la vie de celui qui les prend. Mais tout cela ne sera pas traité dans cet article.
Ici, il est sujet d'une des nombreuses influences de la vie : les références. Certaines personnes justifient leurs choix par une idéologie ou simplement parce qu'une personne connue le fait aussi. C'est une référence. Mais il arrive que celle-ci prennent le dessus à tel point que le libre-arbitre se retrouve cadenassé par son propriétaire en faisant l'impasse sur les idées opposées à ses croyances. Il n'y a qu'un pas pour que la référence devienne la croyance aveugle et cela peut devenir dangereux si la personne refuse d'entendre des avis contraires. Fanatisme, zèle, servitude, radicalisme, obscurantisme. Plusieurs termes pour définir la soumission d'un Homme à ce qu'il considère comme supérieur.
En Moi, tu croiras
Depuis le début de la civilisation s'est posée la question d'un être supérieur, du créateur de l'humanité ayant permis l'apparition de la vie sur la planète. Tout cela se traduit en un terme faisant encore des émules aujourd'hui : la religion.
Certains disent qu'une religion est une secte qui a réussi. C'est un débat qui ne sera pas abordé ici.
En soit, qu'est qu'une religion? C'est une idéologie répandue et reconnue dans un ou plusieurs pays avec un dogme à suivre, des lois divines à respecter et des coutumes pour se différencier des autres croyances. Les divins étaient considérés comme des êtres supérieurs dont le moindre caprice non respecté aboutissait à des réactions violentes, des phénomènes inexpliqués qui leur étaient (aujourd'hui à tort) attribués. Ainsi, il existait une divinité par élément de la société, de la nature, du monde spirituel, d'une partie de la planète. C'est le principe de la religion dite polythéiste.
Un changement radical apparut avec l'arrivée du divin unique (Dieu, Yahvé, Allah) où tous les phénomènes s'expliquait en un seul. Du 30 en 1, mieux que tout appareil vendu en magasin. Sauf qu'un divin ne signifie pas une religion. Sa vénération s'est fragmentée en plusieurs communautés : les juifs qui attendent leur messie (pas le footballeur, le messager divin), les chrétiens qui considèrent Jésus-Christ comme le fils de Dieu et les musulmans qui voient en Mohammed le prophète d'Allah. Pour pousser le bouchon plus loin, celles-ci se sont encore divisées en groupes avec leurs propres coutumes.
Le principe de la religion est simple : les humains sont des êtres inférieurs obéissants au Tout Puissant concentrant tout en lui, le vénérer en suivant les lois divines, ou simplement en se montrant juste, permettra d'obtenir son salut et le bafouer entraînera les tourments éternels. La dernière partie fait peur et c'est normal car c'est une méthode pour convaincre les futurs initiés. Personne ne voudrait souffrir pour l'éternité. Certes il n'y a pas de preuve que tout cela soit véridique mais ne prenons pas de risque si cela permettrait d'éviter les tourments éternels.
Sauf que dans toute idéologie, des dérives existent. La religion est un outil efficace pour prendre le pouvoir et le conserver. C'est aussi un procédé datant de l'Antiquité où le souverain et l'autorité religieuse justifient leur fonction par la grâce divine, c'est le divin qui leur a ordonné de diriger la société en son nom. S'il pouvait nous entendre, ce serait bien qu'il sonne sur le portable du Pape, des rabbins et des imams pour leur demander de se calmer dans leurs discours. Car Dieu est amour dit-on. Je dirais plutôt : Dieu est amour mais pas ses "serviteurs". Il est facile de dire que tout se justifie par la volonté divine en l'absence du principal intéressé, y compris les pires dérives qu'ait connu l'Humanité : les guerres de religion, la justice répressive de l'Inquisition, les attentats terroristes au nom de l'Islam, les extrémistes imposant leur vision de la religion.
La religion doit rester une croyance à laquelle nous pouvons y référer dans certains choix philosophiques mais ne doit pas prendre le dessus sous peine de sombrer dans l'obscurantisme et le rejet des valeurs antagonistes. C'est le point de départ du radicalisme. Une fois enfermé dans l'idée de n'être qu'une personne insignifiante par rapport au divin que nous vénérons, nous sommes prêt à tout pour le servir. Cela passe par le renfermement de soi-même dans les lois et coutumes divines, la fréquentation de mauvais croyants se faisant passer pour les vrais messagers qui exigent une totale loyauté allant jusqu'au sacrifice. Contrairement aux idées reçues, ce phénomène n'épargne personne. Tout individu ayant perdu ses repères ou facilement influençable peut tomber dans la radicalisation. Heureusement, tous les croyants ne prêchent pas la lecture radicale et prônent plutôt le débat pour montrer qu'il est possible d'allier la religion avec la société civile.
Ce radicalisme se retrouve principalement dans des groupes restreints mentionnés précédemment : les sectes. Leur méthode est similaire : convaincre l'individu de croire en leurs valeurs, prouver sa loyauté en permanence en se soumettant totalement au gourou et le forcer à couper les liens avec le monde extérieur. Certaines utilisent une approche différente d'une religion pour justifier leurs idéaux, d'autres conçoivent leurs propres mythes pour attirer les plus curieux et les plus naïfs. Par exemple, savez vous que Raël, de son vrai nom Claude Vorilhon, serait en contact avec des extra-terrestres qui lui auraient annoncé leur arrivée sur Terre? Stupide, non? Et pourtant des milliers de gens y croient. Je suis sûr qu'avec de la persuasion, de la comédie et de l'imagination, vous pourrez créer votre propre secte.
En ton chef, tu devras croire
Le caractère mystique n'est pas indispensable pour fonder une adoration. Une personne charismatique sachant parler et convaincre peut s'élever de la masse pour en prendre le contrôle, il devient le berger qui guidera les moutons dans la direction qu'il souhaitera. Cela s'appelle le culte de la personnalité. Le chef d'Etat est le sauveur, celui qui régla et réglera tous les problèmes du pays, celui en qui il faut se référer pour construire sa place dans la société. Son idéologie est la ligne de conduite à adopter. Il n'y a pas de place pour les déviants, si ce n'est en prison ou dans une tombe.
Le culte de la personnalité peut se construire de deux manières. Elle se bâtit souvent depuis l'Etat où son dirigeant est à la tête d'une dictature contrôlant les médias à travers une censure politique où la presse ne peut dire que du bien du gouvernement. L'exemple le plus connu est le culte dédié au fondateur de la Corée du Nord Kim-Il Sung où, même décédé, il est encore président et ses descendants assurent la continuité de son règne, le tout dans une république totalitaire sur fond de propagande quotidienne.
Une autre méthode plus complexe à instaurer consiste à construire le culte non pas en utilisant directement l'Etat mais en mettant en avant les actions réalisées pour sauver le pays de la catastrophe afin de se poser comme le sauveur puis contrôler la presse via un réseau d'hommes de confiance avec l'appui des institutions étatiques. Citons le président russe Vladimir Poutine qui parvint à afficher une côte de popularité forte en raison de ses actions ayant permis de renforcer l'économie russe en gommant les erreurs de son prédécesseur, puis a entretenu son image personnelle via le contrôle des médias organisé par des directeurs qui lui sont fidèles. Ajoutez à cela la manipulation de masse par le nationalisme, vous comprendrez comment il parvient à entretenir une bonne côte de popularité malgré les affaires de corruption et d'assassinats.
Attention, je n'ai jamais dit que cela s'applique uniquement pour les régimes autoritaires. Le Roi de Thaïlande (décédé récemment) s'est construit une image positive auprès de sa population, il est vénéré comme un demi-dieu sans que le pays n'ait toujours vécu sous une dictature militaire, il ne faut simplement pas dire du mal du Roi et de son entourage car cela est considéré comme un sacrilège. La différence est que le chef d'Etat ne se construit pas un culte pour rester au pouvoir, ses actes suffisent.
En des stars, tu peux y croire
Après avoir mentionné le divin puis les chefs d'Etat, il est temps de descendre jusqu'en bas de l'échelle pour parler des personnalités n'ayant pas de fonction à responsabilité mais qu'ils jouissent d'une grande notoriété : les célébrités, plus communément appelées les stars.
Ce sont des personnes ordinaires étant parvenues à s'élever de la masse à travers un talent transformé en carrière professionnelle : acteur, chanteur, footballeur ou autre. Ce dernier point sera détaillé plus loin. Rien que citer leur nom suffit pour susciter des émules auprès de leurs fans. Quel jeune joueur de football a envie de devenir Pelé, Zidane, Ronaldo, Messi (le footballeur , pas le messager divin) ou Ibrahimovic? De chanter comme, je ne sais pas ce que les ados écoutent de bien aujourd'hui, si je dis Justin Bieber, je vais me faire lyncher. Bon soit, je ne sais pas. De chanter comme leur idole, voilà, ça contentera tout le monde. Quant aux acteurs, il y en a beaucoup et pour tous les goûts.
Ceux qui veulent pratiquer un art se réfère à un grand nom, une grande pointure devenant une source d'inspiration, un moteur réveillant l'esprit d'artiste en eux. Sauf que les célébrités ne se font pas seulement connaitre par leur talent. La curiosité est une qualité pour la presse people, voire la presse tout court. Les lecteurs sont de vilains curieux souhaitant tous connaitre sur les stars. Savoir avec qui Clooney va passer la soirée, pourquoi Pitt et Jolie se disputent, quelles caprices les maîtres d'hôtel doivent répondre lorsqu'ils accueillent Rihanna, combien a coûté le nouveau sac à main diamanté de Madonna. Sans parler des photos nues qui font le scoop ou les phrases assassines créatrices de buzz.
La luxure, la débilité humaine, le manque de gène, quelles belles valeurs de référence pour la jeunesse.
Et je vous ai gardé le meilleur pour la fin. Savez-vous qu'il est possible de devenir une célébrité ... en ne faisant rien d'intelligent? Je ne parle pas de dictateur au pouvoir grâce à papa, je fais allusion aux célébrités de téléréalité, les personnes qui acceptent de se faire filmer en permanence pour susciter de l'intérêt au sujet de leur vie privée.
Si
je vous dis Hilton, Nabilla ou encore Garce chiante Kardashian, vous savez de qui je parle. Qu'ont-elles fait d'exceptionnel? Bonne question. Emission de téléréalité aussi intéressant
qu'un reportage sur les singes de Papouasie Nouvelle-Guinée, publication régulière de photos (nues) sur les raisons sociaux, invitation à des émissions en les mettant au même rang que les
chanteurs et acteurs nationaux. En gros, ce sont des personnes supérieures à la masse, non pas grâce à leur talent mais à la communication.
N'oublions pas que les médias ont besoin de sujets pour alimenter les journaux, les journalistes doivent écrire des articles afin de nourrir financièrement l'agence. Pour cela, s'ils ne sont pas spécialisés, ils doivent toucher un large public hétérogène dont parmi eux figurent les curieux de la presse people. Sauf que les médias dévient de leur trajectoire informative en se transformant en "faiseur de stars" en mettant sous les projecteurs des personnalités sans réel talent. La télévision devient un vecteur lorsqu'il diffuse des émissions de téléréalité où de parfaits inconnus sont acclamés comme des stars puis oubliés lorsque celles-ci se terminent. Ceux qui parviennent à se maintenir réussissent à exploiter leur image non seulement sur les réseaux sociaux mais aussi à la télévision via une reconversion personnelle. Comme monter sa propre émission de téléréalité ou construire un personnage dont ils sont l'acteur principal.
C'est ce qui m'inquiète le plus aujourd'hui. Pouvez-vous imaginer une adolescente dire qu'elle souhaite tourner des sex tapes ou raconter sa vie quotidienne pour ressembler à une star de téléréalité? Le monde capitaliste dans lequel nous vivons nous incite à croire en n'importe quoi et surtout en n'importe qui. Du jour au lendemain, monsieur ou madame tout-le-monde peut devenir un objet de consommation médiatique où son image suffira à engranger des bénéfices.
En n'importe qui, tu feras n'importe quoi
La référence est essentielle, il est impossible de réaliser des choix sans tenir compte des multiples influences personnelles. Chacun choisira sa voie selon sa vision du monde. Les dérives arrivent lorsqu'une idéologie, un groupe voire un individu prend le dessus en imposant ses choix sur celui ou ceux qu'il contrôle. Une fois le cerveau parasité par le mensonge et la propagande, son hôte se pliera à la volonté de son maître et commettra les pires atrocités sans penser aux conséquences extérieures ni à lui-même parce que dans sa tête, il agit pour la bonne cause de son supérieur.
Le radicalisme est un exemple de parasitage cérébral via la lecture tronquée d'un ouvrage religieux, réduit à une justification du mal à propager. Celui qui ne le sait pas croit agir comme un bienfaiteur.
La propagande d'Etat est aussi une forme de parasitage, soutenue par une politique répressive où tout citoyen jugé déviant est un danger public, sa vérité pouvant se propager et contaminer son entourage pour continuer à progresser jusqu'à toucher l'ensemble du territoire. Le Chef est bienveillant, le reste n'est que ruine et futilité.
Quant aux célébrités, c'est une autre histoire. Ils n'ont pas tous pour vocation d'être aimés. Certains souhaitent mettre leur talent à profit, d'autres abusent de la gloire qui en découle. Ceux qui n'existent que grâce aux médias n'ont d'autres intérêt que d'être vus. Le jour où les journaux et les télévisions ne parleront plus d'eux, ce sera la fin de leur célébrité et le début du retour à la réalité. Celle des croyants et des manipulateurs.
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