Une photo dans les pages.

La photo, quel magnifique moyen de garder un souvenir lors des vacances, des festivités ou d'un moment heureux. Souvenir personnel? Erreur! Avec les réseaux sociaux, la société a évolué et pas seulement de manière positive. Qui s'est étonné de voir sa tête sur l'un de ces sites parce qu'un ami ou un membre de la famille a posté une photo sans son autorisation ? Beaucoup sûrement. Pour certains, ce n'est pas grave car c'est juste un coup entre amis pour montrer la joie et la bonne humeur autour de quelques verres de bières en soirée ou d'un paquet de frites dans la rue, tard dans la soirée aussi. Mais pour d'autres, c'est dérangeant, à tel point qu'ils préféreraient que ses amis retirent ce qu'ils ont posté.

 

Ma tête, mon corps, mon droit

 

Fait d'actualité qui peut faire sourire mais en regardant de plus près pose une question intéressante : jusqu'où va le droit à l'image une fois qu'un enfant devient adulte? C'est ce qu'ils se passe actuellement en Autriche où une femme de 18 ans a porté plainte contre ses parents pour avoir refusé de retirer des photos d'elle publiées sur un réseau social (pas de pub) lorsqu'elle était enfant. D'après la loi, le droit à l'image de l'enfant revient aux parents jusqu'à la majorité de celui-ci. Mais peut-il porter plainte après? A la justice de trancher, au législatif d'améliorer le droit et à la société de s'adapter face à ce phénomène car d'autres cas pourraient arriver si la décision fait jurisprudence.

 

Cette affaire témoigne de l'angoisse de chaque internaute ou même de ceux qui n'utilisent pas les réseaux sociaux : voir sa tronche sur la toile pour être observé par des yeux indiscrets. Même s'il y a des filtres pour limiter la liste des visiteurs, apprendre qu'une photo gênante circule sans autorisation suscite des craintes, surtout si le but est le harcèlement par diffamation ou calomnie. Malheureusement, personne n'est à l'abri si elle ne sait pas qu'elle est prise.

 

Razzia sur les paparazzis

 

Voyez le bon côté des choses. Vous, humain normal, n'êtes pas constamment suivi. Dites-vous qu'il y a pire. Pouvez-vous vous imaginer bronzer nu sur votre terrasse ou vous baignez en maillot taille S moulant dans votre piscine personnelle? Vous devriez y réfléchir à deux fois si vous êtes une célébrité car les caméras ne sont jamais loin.

 

Les paparazzis sont des vrais chasseurs. Ils attendent que leur proie se montre, prennent le tir le mieux cadré pour presser la détente et tirer dans le mille pour finalement afficher leur trophée dans la presse, à la télé ou sur le net. Si la photo montre la victime sous une tenue inconnue du grand public ou dans un état second, c'est gagné pour la presse people, elle aura de quoi alimenter ses revues où les lecteurs préfèrent se soucier de la vie des stars que de la leur.

 

Quand est-il du volet juridique ? C'est flou. Il faut partir du principe qu'une célébrité est une personne publique, ce qui signifie que son image peut être utilisée à titre informative et non commerciale (sauf accord entre les partis) à condition qu'elle ne viole pas sa vie privée. Oubliez les photos des stars nues dans leur jardin, c'est interdit. Mais quand est-il dans la rue ? C'est un espace public mais tout le monde n'a pas envie de se faire photographié lorsqu'il se rend où il veut, donc vie publique ou vie privée?

 

Mais la théorie ne s'applique pas toujours uniformément. Aux Etats-Unis, la distinction entre vie privée et vie publique est légère voire inexistante. Le profit à tout prix, surtout si la photo vaut son pesant d'or. De plus, tous les paparazzis ne respectent pas la vie privée et tant pis s'il y a une plainte (même si elle doit venir du Palais britannique).

 

Des yeux indésirables pouvant coûter cher

 

Lorsqu'il y a des visiteurs indésirables, il y en a certain dont on souhaiterait surtout qu'ils ne regardent pas. Pas seulement les ennemis, les rançonneurs ou les curieux (parfois chercheurs de pornos gratuits, oui ça existe!), mais ceux qui ont un pouvoir d'influence dans la vie.

 

Savez-vous que vos photos postées peuvent être utilisées contre vous lors des déclarations fiscales? Non? Vous voilà averti. Car les fonctionnaires fiscaux ont l'autorisation de regarder vos photos (théoriquement publiques) pour déterminer s'il n'existe pas une anomalie entre votre déclaration du pauvre qui survit grâce au CPAS et vos souvenirs de vacances à Hawaï avec cocktails à volonté. Bon il se peut que vous ayez gagné le gros lot à la loterie nationale ou au casino mais si vous n'avez pas d'alibi, la facture sera pour bibi contribuable.

 

Et ce n'est pas tout. Votre (futur) employeur peut aussi se permettre de vérifier votre profil par rapport à celui affiché sur votre CV. S'il constate qu'il ne correspond pas à ce que vous avez présenté, l'entretien sera fichu avant même d'avoir débuté. Et même après. J'espère que vous êtes du genre 'léger à la détente" car la moindre publication négative envers votre emploi pourra se traduire en C4, une réponse explosive de la part de votre patron. Idem pour l'école, les éducateurs et les professeurs peuvent vous punir suite à une publication outrancière.

 

Ecran total sur la vie ?

 

Les réseaux sociaux sont devenus incontournables. Les médias traditionnels commencent à s'y intéresser. Tous n'apprécient pas cette invasion vue comme une intrusion dans la vie privée. Mais le gendarme, c'est vous.

 

N'ayez pas peur de dire non à l'emploi de votre image sans votre accord, portez plainte si votre tête rapporte de l'argent sans que vous touchez quoique soit. Mais vous aussi devez respecter des principes, notamment celui de la vie privée et du respect d'autrui. Restez zen en n'utilisant pas votre réseau social pour afficher votre colère sur une personne que vous connaissez, préférez le dialogue privé.

 

Bref, pas besoin d'étaler sa vie privée si vous voulez qu'elle reste ... privée.  

 

Edit : après analyse de la part des journalistes, il s'avère que la plainte en Autriche serait un hoax. Mais cette info bidon lança un débat intéressant sur le droit à l'image. 

 

Articles utilisés

 

http://mashable.france24.com/tech-business/20160906-enfants-porter-plainte-parents-facebook-droit-image

https://www.privacycommission.be/fr/droit-image/quelques-cas-particuliers

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