Saint-Nicolas, patron dans la finance.

Saint-Nicolas est un jour attendu par des millions d'enfants, non pas parce que c'est un gars sympathique venu sauver le monde, mais parce qu'ils recevront des cadeaux moins de trois semaines avant Noël. Superbe journée de se réveiller pour découvrir des jouets et autres babioles sur la table puis remercier le Saint comme si nous faisions une prière au Christ. Et puis vient la désillusion de l'âge. Saint-Nicolas n'existe pas, ce n'est qu'un personnage interprété par un comédien avec la complicité des parents. Certains enfants seront tristes, d'autres s'en ficheront.

 

Par contre, il y a encore des adultes qui y croient. Pas ceux qui attendent le vieux bonhomme en pyjama mais les commerciaux. Après tout, tout est bon pour vendre et réaliser des bénef. Allez, parents, continuer d'alimenter le mensonge tant que cela fera alimenter la caisse.

 

Une lettre à la poubelle

 

Pour recevoir une belle surprise, il faut attirer le Saint et lui demander ce que tu souhaites, petit enfant naïf. Pour cela, écris-lui une lettre puis les gentils lutins de la poste la liront avant de la trier dans les papiers à recycler. Et oui, écrire pour Saint-Nicolas, c'est bien, encore faut le faire correctement. Pour cela, voici mon cadeau : de précieux conseils. Ne me remerciez pas, c'est gratuit.

 

Déjà l'adresse. Vous dites qu'il habiterait Rue du Paradis, du Nuage, du Ciel ou encore sur la Lune. Raté! Son bureau est en Suisse. A votre avis, comment fait-il pour pouvoir vous acheter autant de cadeaux chaque année? Et oui, avant d'être philanthrope, il faut d'abord être économiste. Par contre, ne me demandez pas où il habite, secret professionnel oblige. S'il ne vous répond pas, essayer de contacter une de ses filiales en Chine ou au Bangladesh, vous tomberez sur l'un de ses intermédiaires qui prendra un plaisir à transmettre votre commande à ses charmants lutins. Bon, oubliez ce que je viens de dire, les lutins n'existent pas non plus. Et pour ceux qui veulent le harceler, même en dehors des fêtes, écrivez lui en Turquie, sauf si les autorités l'ont pris pour un imam guleniste.   

 

Ensuite, la présentation. Cher Saint-Nicolas est un classique. Etant donné que vous êtes un enfant, déjà je devrais dire tu, écris en toute simplicité. Tu n'es pas sensé rédiger comme un membre de l'Académie française. Si tu tiens à savoir que tu écris au vrai, mets Sevgili Myre Nicolas (un peu d'aide s'il vous plait, je suis nul en turc) puis attends pendant longtemps, très longtemps.

 

Puis, sois franc, dis lui que tu as été sage ou pas, et demande lui de t'offrir un cadeau même si tu ne l'as pas mérité. Sois malgré tout modeste. Demande un truc simple, pas onéreux, n'oublie pas qu'il y a encore Noël pour ruiner tes parents.

 

Et enfin, le bonus, la décoration. Un petit dessin ne lui fera pas de mal, sauf si tu dessines le Prophète ou le Christ, il ne risquerait pas d'apprécier la concurrence. Et de toute façon, si tu dessines le premier personnage cité, tu n'es pas sensé recevoir de cadeaux, c'est une fête chrétienne. Je dis bien sensé, n'allons pas déclencher une nouvelle guerre religieuse.

 

Et voilà, tu es fin prêt pour te lancer dans la rédaction de la lettre pour Saint-Nicolas. Et pas la peine de laisser ton adresse, il ne te répondra pas. Budget oblige, celui des timbres est sacrifié.

 

Un beau cadeau pour le commerce

 

Ne croyez pas que seuls les enfants en profitent. Les adultes se frottent les mains. Dans une société de consommation, tout est prétexte pour vendre, pousser le consommateur à acheter. Les fêtes sont là pour booster l'économie du pays. La Saint-Valentin pousse les amoureux à s'acheter des cadeaux pour mieux s'en débarrasser quelques jours après leur rupture, la Toussaint est un beau jour pour les fleuristes, Thanksgiving par contre est synonyme de génocide dans le monde de la dinde, de même pour l'Aïd el-Kébir où des moutons subissent à leur tout un sort peu enviable. Certes, il y a une explication religieuse derrière chaque festivité mais pour les commerçants, c'est surtout le chiffre d'affaire qui les intéressent.

 

Il existe même des fêtes sans raison idéologique. Le Black Friday est un bon exemple. C'est le jour de la consommation, où acheter devient la seule raison de vivre. Vous possédez déjà une télé LED  haute définition? Achetez-en une quand même, elle est en promo. Rien ne vous intéresse? Tant pis, achetez tant que les prix sont réduits, il n'y en aura pas pour tout le monde. Par contre, si vous voulez faire du shopping tranquillement, évitez les Etats-Unis, vous assisterez à une simulation de tsunami se transformant en une rencontre de supporters de foot bourrés.

 

Mais ne croyez pas que le but est de vous ruiner. Il ne faut pas oublier que les comptes bancaires ne sont pas intarissables. C'est pour cette raison que les périodes festives sont espacées, pour mieux vous inciter à la consommation sans vous dire que vous n'avez plus un rond à cause des fêtes précédentes. Malins, les hommes de la finance.

 

 

Voila, c'était un petit cadeau gratos. Il n'y a pas grand chose à dire sur ce sujet. Après tout, les médias nous bombardent de mauvaises nouvelles, ce serait bien de faire la fête de temps en temps. Ne boudons pas notre plaisir, festoyons. Venez, venez Saint-Nicolas, faites nous oublier les tracas du quotidien et surtout,  faites attention lors de votre tournée au Moyen-Orient, ce n'est pas le Père Noël qui balance des cadeaux depuis son traîneau dans le ciel.

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